LA PROTECTION DES JOUEURS CONTRE LES ABUS EN LIGNE
La FIFPRO, la NBPA et la WNBPA lancent une collaboration pour renforcer la protection des joueurs contre les abus en ligne
Football Players Worldwide (la FIFPRO), la National Basketball Players Association (NBPA) et la Women's National Basketball Players Association (WNBPA) publient aujourd'hui la première étude internationale portant sur la nature et le niveau des abus en ligne commis à l'encontre des athlètes professionnels dans plusieurs sports.
L'étude, qui a recours à l'intelligence artificielle (IA) pour suivre les comptes des réseaux sociaux, a été commandée par les trois associations de joueurs afin de mieux comprendre la fréquence et les types d'abus en ligne auxquels leurs membres sont confrontés. Cette collaboration représente un engagement à trouver un terrain d'entente et des synergies entre les syndicats et les athlètes des deux plus grands sports d'équipe dans le monde, et à agir ensemble pour lutter contre les abus.
Les joueurs à risque : principales conclusions et résumé du rapport
Les athlètes de haut niveau du monde entier n'ont jamais été aussi exposés, et nombre d'entre eux jouent un rôle important non seulement dans leur sport, mais aussi dans la société. En utilisant leurs réseaux sociaux pour sensibiliser aux causes auxquelles ils croient, ils apportent un changement social positif dans les communautés. Néanmoins, si certains considèrent qu'une importante visibilité fait « partie du travail », cette attention accrue et cette connectivité renforcée sont également des menaces pour leur santé mentale et leur bien-être.
Le rapport expose l'ampleur des abus en ligne qui touchent les joueurs : leur fréquence, leur volume et les dangers qu'ils présentent.
L'étude a en effet détecté 1 558 messages abusifs ciblés envoyés par 1 455 comptes uniques dans une sélection de sports et de compétitions entre juillet et septembre 2021, et a récupéré les données historiques de mai et juin 2021. Parmi les résultats figurent 648 tweets injurieux proférés à l'encontre des joueurs de basket-ball masculins, 427 tweets injurieux à l'encontre des joueurs de football masculins, 398 tweets injurieux destinés aux footballeuses et 85 tweets injurieux à l'encontre des joueuses de basket-ball.
Le racisme et l'homophobie représentaient l'écrasante majorité des abus ciblés avérés commis à l'encontre des joueurs de football masculin (dans 85 % des cas) et des basketteurs (74 % des cas). Quatre cas d'abus sur cinq commis à l'encontre de joueuses de basket-ball étaient des messages sexuellement explicites ou du harcèlement.
Le rapport identifie les tendances systémiques qui nuisent aux athlètes et recommande une action collective pour protéger celles et ceux qui sont au cœur de leur sport.
- Ces joueurs de différents sports présentent des profils de risque similaires et subissent de terribles abus en ligne en lien avec leur travail qui ont un impact sur leur bien-être mental, leur mode de vie et leurs performances.
- Les abus en ligne suivent des schémas similaires dans tous les sports et toutes les juridictions.
- Ils créent un environnement dans lequel la personnalité des joueurs est constamment l'objet d'attaques, ce qui les oblige à se cacher ou à se retirer de ce qu'ils sont et veulent être.
- S'il existe des moyens de protéger les joueurs contre les abus en ligne, les mesures de sécurité ne sont souvent pas suffisamment mises en œuvre.
Engagements et actions conjointes
L'intégration rapide des espaces virtuels conçus pour rassembler les gens, rend les athlètes vulnérables à ceux qui veulent répandre la haine, la colère et les préjugés.
Il est du devoir des syndicats de protéger les joueurs, d'assurer leur sécurité et de soutenir leur désir d'action. La FIFPRO, la NBPA et la WNBPA s'engagent à mettre en œuvre des initiatives de renforcement des capacités qui sensibilisent les joueurs aux abus en ligne et qui s'appuient sur les programmes de santé mentale existants et nouveaux dans le but de protéger la vulnérabilité des joueurs.
Tout en assumant ces responsabilités, la FIFPRO, la NBPA et la WNBPA estiment qu'une action collaborative et coordonnée dans leur industrie respective est nécessaire entre les plateformes en ligne, les gouvernements, les équipes et les organisateurs de compétitions afin de protéger les joueurs des abus en ligne.
À l'heure où les sociétés sont confrontées à une polarisation et à une fragmentation accrues, nous avons tous la responsabilité institutionnelle de collaborer à la création d'un environnement plus inclusif, plus ouvert et plus bienveillant, en lançant des initiatives qui favorisent une culture positive et respectueuse.
« L'étude nous montre que lorsque les athlètes partagent leur identité et s'engagent dans des causes qui leur tiennent à cœur, ils deviennent la cible d'abus en ligne. C'est à la fois scandaleux et navrant », a déclaré Jonas Baer-Hoffmann, secrétaire général de la FIFPRO. « Il est de notre devoir, en tant que syndicats, de contribuer à protéger les joueurs de football et de basket-ball en leur offrant un soutien sur le plan de la santé mentale. Nous devons également faire comprendre aux entreprises et aux institutions du secteur des réseaux sociaux qu'elles ont la responsabilité collective de se joindre à nous pour protéger les joueurs et promouvoir une communauté en ligne qui favorise l'inclusion et le respect ».
« Nous nous sommes réunis pour mener cette étude, car nos trois organisations sont là pour protéger, soutenir et porter la voix nos joueurs », a déclaré Tamika Tremaglio, directrice exécutive de la NBPA. « En tant que syndicats de joueurs, nous n'ignorons pas que nos membres sont régulièrement victimes d'abus sur Internet et sur les réseaux sociaux, mais voir les conclusions de cette étude a été extrêmement alarmant et décourageant. Notre objectif collectif est de nous servir de ces résultats comme point de départ pour que l'ensemble de l'industrie du sport fasse davantage pour renforcer la protection de nos athlètes et, d'une manière générale, pour promouvoir une société plus bienveillante, plus empathique et plus respectueuse ».
« Ce rapport montre que les joueurs ont été pris pour cible lorsqu'ils ont changé d'équipe, en raison de rivalités entre clubs, de problèmes sur le terrain ou de perceptions sur leur caractère », a déclaré David Aganzo, président de la FIFPRO. « Il est très inquiétant de constater qu'il existe autant de facteurs à l'origine de ces abus. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et laisser les joueurs confrontés à un barrage de discrimination simplement parce qu'ils sont sous le feu des projecteurs. Nous devons rechercher une meilleure coopération entre toutes les parties prenantes de l'industrie du sport afin de mieux protéger les athlètes qui sont au cœur du jeu ».
« J'espère que ce rapport aura pour effet de renforcer le sens des responsabilités sur toutes les plateformes de réseaux sociaux », a déclaré Terri Carmichael Jackson, directrice exécutive de la WNBPA. « Et je veux avoir des échanges francs avec les nouveaux partenaires potentiels pour les aider à comprendre qu'il est possible que l'engagement d'un athlète sur les réseaux sociaux ne soit pas le facteur déterminant ou pertinent lorsqu'on l'envisage pour des opportunités de marketing ».