RAISING OUR GAME AU MAROC : ENTRETIEN AVEC KELLY LINDSEY

FIFPRO a parlé avec Lindsey, et Mohamed Harouane, secrétaire général de l'Union Marocaine des Footballeurs Professionnels, à propos du projet.

Qu'est-ce qui a incité la fédération à mettre en place une stratégie à long terme pour le football féminin ? 

Le président de la fédération, Fouzi Lekjaa, est très engagé dans une vision qui permettra à la jeunesse marocaine de jouer et de grandir grâce au football, et entrevoit clairement un parcours plein de perspectives vers le professionnalisme. Lorsque nous nous sommes réunis pour définir la stratégie nationale, il a été établi que chaque pilier devait considérer le jeu des femmes et celui des hommes de manière égale.

Que pensez-vous du rapport « Raising Our Game » de la FIFPRO ?

J'ai utilisé le rapport « Raising Our Game » pour bâtir certaines des réflexions et des idées sur la façon de faire avancer ce projet. Souvent, dans le football féminin, nous nous retrouvons coincés à penser qu'il doit ressembler au jeu masculin, mais, bien que le football soit le football et qu'une fois sur le terrain, jouer c'est jouer, la gouvernance et la structure réelles doivent être pensées différemment. Nous en sommes simplement actuellement à des stades différents : le jeu féminin aurait dû être professionnalisé il y a 30 ans et maintenant, nous n'en sommes qu'au début. Il est important que nous continuions à parler de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.

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Quels sont les projets de la fédération pour le football féminin en club ?

Les 14 équipes de première division et les 30 équipes de deuxième division devront, à partir de la saison prochaine, disposer d'une liste de 25 joueuses éligibles à un financement (15 000 dollars par mois aux clubs de première division et 10 000 dollars par mois aux clubs de deuxième division.) Entre autres exigences, les clubs devront avoir une équipe de moins de 15 ans et de moins de 17 ans.

Comment ce soutien financier va-t-il profiter aux joueurs ?

La fédération prévoit de financer le salaire de toutes les joueuses en leur versant un salaire minimum dont elles puissent vivre. (Les salaires du personnel technique seront également financés afin de garantir la qualification des entraîneurs au niveau des clubs) C'est le premier saut.  Nous voulons travailler avec des clubs passionnés, professionnels et axés sur le développement du jeu féminin.  En évoluant ensemble, notre vision est que les clubs commenceront à trouver des parrainages et des soutiens, mais pour l'instant il est important pour nous de nous lancer et de surmonter les obstacles financiers. L'objectif ultime est qu'un pays africain remporte un jour la Coupe du monde.

Le football féminin est pratiqué au Maroc depuis des décennies, mais il a été largement tenu à l'écart du public et sous-développé, selon Mohamed Harouane, secrétaire général de l'UMFP.

Que pensez-vous des projets de la fédération pour le football féminin ?

Nous sommes très satisfaits du projet qui a été mis en place par la fédération. C'est une chose que nous attendons depuis des années. Le football féminin au Maroc manque de visibilité et, à l'instar du football africain en général, il manque d'infrastructures. Par exemple, sur le plan personnel, je voudrais mettre ma propre fille dans un club bien structuré et bien organisé, mais il n'est pas facile d'en trouver un.

Comment votre syndicat peut-il contribuer au développement du football féminin ?

Nous avons quelques joueuses qui sont membres de notre syndicat, principalement de l'équipe nationale féminine marocaine, et nous espérons que davantage de féminines nous rejoindront. Elles auront les mêmes droits contractuels que les footballeurs au Maroc, et nous pourrons les aider exactement de la même manière que nous aidons leurs homologues masculins. Nous sommes en mesure de les conseiller sur les contrats ou en cas de litige avec leur club.

Quelle est la relation entre le syndicat et la fédération ?

Nous nous comprenons bien, et quand nous demandons quelque chose à la fédération, elle nous écoute. Nous avons récemment discuté avec eux des questions relatives au football féminin, et elle nous a fait part de ses projets. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir, mais la fédération a fait un pas important.