SCOTT WARD : UN ANCIEN JOUEUR S’EXPRIME SUR SA VIE EN DEHORS DU FOOTBALL
- Scott Ward a réussi sa reconversion de footballeur de Luton Town en conseiller en développement personnel.
- Il se dit "très préoccupé" par le fait que 67 % des joueurs actifs interrogés par la FIFPRO ne sont pas sûrs de leur seconde carrière.
- De nombreux joueurs se font dire comment "manger, dormir, agir" et craignent de participer à des activités en dehors du football.
Lorsque la carrière de footballeur de Scott Ward a pris fin prématurément, il s'est retrouvé sans aucune idée de ce qu'il allait faire ensuite. Il n'avait qu'un seul diplôme de niveau baccalauréat (en loisirs et tourisme) et personne vers qui se tourner pour obtenir de l'aide.
Après une période de chômage et d'emplois occasionnels, l'ancien joueur de Luton Town s'est inscrit à un MBA à la Warwick Business School. Son mémoire - sur la transition de carrière chez les athlètes et au-delà - l'a conduit à faire carrière en aidant les footballeurs et d'autres personnes à se développer personnellement et à se sentir bien.
Il est aujourd'hui partenaire du cabinet de conseil en innovation internationale Ayming, où il travaille dans le domaine des Ressources humaines, de la Performance et du Développement. Dans le cadre de ses fonctions, il conseille notamment des footballeurs et des agences.
La FIFPRO a parlé à Ward de sa carrière et lui a demandé son avis sur l'enquête de la FIFPRO qui a révélé que 67 % des joueurs ne savent pas ce qu'ils feront après le football.
Comment s'est déroulée votre carrière de footballeur ?
J'ai fait mes débuts à 18 ans pour Luton en arrêtant un penalty du premier coup contre Brentford, mais ma carrière a été perturbée par des blessures : mon corps en a décidé autrement. Je cherchais un autre club et j'ai connu une période de chômage. J'ai réussi à jouer pour plusieurs autres clubs, dont Coventry City et Crawley Town.
Qu'avez-vous fait ensuite ?
Psychologiquement, la pression était énorme. Je n'avais pas de véritable réseau de soutien. Mes parents n'avaient pas connu ce genre de situation et deux de mes frères - Darren et Elliot - qui jouaient au plus haut niveau n'étaient pas vraiment en mesure d'en parler. J'ai dû trouver un emploi, j'ai collecté des déchets pour le recyclage pendant un certain temps. Au fond de moi j'étais anéanti, ma fierté était brisée. J'avais perdu le statut social qui m'avait valu d'être connu pendant des années.
Comment avez-vous fini par décrocher un diplôme ?
Je voulais créer les bonnes bases pour ma carrière et c'est alors que j'ai commencé à faire mes études à Warwick. Ce n'était pas donné : 36 000 livres sur trois ans. J'ai reçu une aide de la PFA (le syndicat des joueurs anglais) pour démarrer et j'ai dû en financer la majeure partie moi-même. Les six premiers mois ont été terribles, les autres étudiants utilisaient un langage qui m'était parfaitement inconnu. Mais sur le plan pratique et émotionnel, j'ai acquis l'expérience qui allait me distinguer.
Parlez-nous de votre mémoire sur le football
Il portait sur la reconversion professionnelle et les attentes sociales chez les athlètes et les personnes en dehors du sport. J'ai constaté que la plupart des joueurs - 83 % - avaient peur de participer à des activités en dehors du football. En tant que footballeurs, on nous dit comment manger, comment dormir, comment agir. De 16 à 23 ans, ce sont les années qui vous façonnent en tant que personne et c'est là que vous êtes mis dans une bulle. Vous vivez sur votre île. L'écosystème qui vous entoure ne veut pas que vous participiez à des activités en dehors du football. Vous ne bénéficiez pas des avantages de la croissance sociale qui vous aident à prendre des décisions dans la vie.
Comment aider au mieux les joueurs ?
Nous devons les aider à se sentir plus autonomes et à découvrir ce qui les passionne en dehors du sport. Le fait que 67 % des joueurs ne sachent pas ce qu'ils veulent faire ensuite est très révélateur. Cela dénote un manque de compréhension des possibilités qui s'offrent à eux. Nous devons leur montrer à quoi pourrait ressembler leur vie pendant et après le football. Il ne s'agit pas seulement de leur montrer que les qualifications universitaires sont utiles, mais de faire en sorte qu’ils s’épanouissent en tant qu'individus et pas seulement en tant que footballeurs.
Les joueurs d'aujourd'hui sont-ils plus confiants ?
Il est encourageant de voir les joueurs en Angleterre parler plus librement de sujets extérieurs au football, mais l'aspect culturel et social du football ne diffère pas tant de ce qu'il était lorsque j'ai pris ma retraite en 2007. Nous travaillons dans un secteur où les retombées financières sont considérables, mais elles impliquent une vision à court terme. Les conversations ont changé sur la santé mentale, mais beaucoup de joueurs et d'entraîneurs avec lesquels j'ai travaillé sont toujours aussi anxieux.